ISSU DU MAG DE DÉCEMBRE 2019 – Auteur Fred PORCEL

La SNCF fait du transport par rail (enfin… normalement), le sujet du jour sera donc la mobilité. Propre. Plus particulièrement le VE, pour véhicule électrique. Depuis dix ans, aux automobilistes à qui l’on demande leur avis sur le VE, les principales objections n’ont pas changé : prix trop élevé, recharge compliquée et autonomie insuffisante.

Commençons par la fin. Aujourd’hui, l’autonomie d’un VE est de 250 km, souvent 300 km, voire plus. Combien de fois par an avez-vous besoin de faire plus de 300 km ? Et si c’est le cas, est-il insupportable de prévoir une pause pour recharger ? Si vous utilisez essentiellement votre voiture pour des trajets urbains ou péri-urbains – encore mieux si vous avez deux voitures comme 30 % des ménages français, peut-être une électrique et une thermique – l’autonomie ne devrait pas être un problème.

La recharge est compliquée. C’est vrai. Sauf si vous habitez en maison individuelle, dans un habitat collectif où une borne est disponible, ou si le parking de votre lieu de travail est équipé. Si tous les citoyens entrant dans l’une de ces situations possédaient un VE, l’impact climatique du transport routier serait considérablement réduit.

Enfin le prix. Un VE, c’est cher. Quand on garde la même voiture dix ou quinze ans, son prix d’achat ne représente qu’une partie, plutôt petite, de son coût total. Encore moins s’il s’agit d’un véhicule d’occasion. Sans prendre en compte les réparations, bien plus fréquentes sur un véhicule thermique que sur un VE qui n’a ni soupapes, ni pot catalytique, ni vanne EGR, ni capteurs de turbo, ni injecteurs, ni, ni, ni… un VE « consomme » en moyenne 12 kWh/100 km, à 13 centimes/kWh en heures creuses, soit 1,5€/100 km. Quand un véhicule thermique fait du 6,5 litres/100 en moyenne, soit 10€/100 km. L’économie en carburant est donc de 850€ pour 10.000 km parcourus, 1700€ pour 20.000 km, 2500€ pour 30.000 km. Chaque année. Soit en dix ans, entre 8.500 et 25.000 euros économisés sur le budget carburant. Sans compter qu’il est assez simple de recharger gratuitement : sur les parkings de grandes surfaces, les réseaux de certaines agglomérations, chez ses beaux-parents… Un VE c’est cher ? Tout est relatif.

Enfin, les plateaux télé et réseaux sociaux sont friands d’affirmations aussi péremptoires que fausses, pour peu qu’on s’intéresse au sujet. Les « fake news » chères à l’agent orange. L’électricité n’est pas si propre. C’est faux. Si le pétrole pollue massivement tout au long de son cycle de vie (extraction, raffinage, transport, distribution, combustion…) et aggrave sans cesse ses conditions d’extraction, l’électricité peut être verte en partie ou en totalité et le sera de plus en plus.

Les batteries, ça utilise des terres rares et des enfants. C’est faux. Les terres rares contenues dans les batteries de VE n’ont rien de rare. Elles sont disponibles en abondance et réparties sur tout le globe. En revanche, celles qui posent un vrai problème environnemental et humain, lithium et cobalt, sont extraites avant tout pour l’industrie et… nos appareils mobiles, ce qui n’a pas l’air d’émouvoir grand monde. Les VE ne consomment qu’une faible part du volume mondial et celle-ci ne cesse de baisser, les fabricants ayant pour objectif de s’en dispenser pour des raisons d’image et, bien sûr, économiques. Ce qui arrivera, les progrès dans ce domaine sont énormes, autant que les œufs d’or de la poule VE qui attise toutes les convoitises.

Les batteries de VE polluent en fin de vie. C’est faux. D’abord elles sont utilisées en seconde vie dans le stockage stationnaire, industriel ou d’habitat. Ensuite les constructeurs ont l’obligation de les recycler. Soyons clairs, ils le font aussi parce qu’il est plus économique d’en recycler les composants que d’en produire de nouveaux.

Enfin, un mot sur la voiture (électrique) à hydrogène. C’est peut-être l’avenir mais, à moins d’avoir volé l’idée d’un réseau social à vos camarades de classe, le coût d’achat et celui de l’installation d’une borne de recharge à votre domicile restent pour le moment prohibitifs.

La voiture électrique sur batteries est, elle, déjà disponible. Tous les constructeurs s’y sont mis et de nouveaux modèles ne cessent d’arriver sur le marché. Volkswagen et Daimler, comme d’autres, ont transféré leur budget « recherche thermique » vers l’électrique, soit des dizaines de milliards d’euros. Côté batteries, des géants industriels sont déjà debout.  Qu’on le veuille ou non, la voiture électrique est en train de s’imposer, les dinosaures thermiques sont en voie de disparition. Cette extinction-là est une bonne nouvelle.

En attendant que la SNCF remplace son parc de véhicules d’entreprise par des électriques, de nombreux sites d’information sur le sujet sont disponibles. Nous n’en citerons qu’un, parce qu’il a le mérite d’être simple à retenir : www.automobile-propre.com.

Restez branchés et au mois prochain… peut-être.

Vos questions ou réactions à : lemag@unsa-ferroviaire.org