Issu du Mag de mars 2021 – Auteur Fred Porcel

DEPUIS L’ARTICLE SUR LES VÉHICULES ÉLECTRIQUES (VE) IL Y A UN AN, QUOI DE NEUF ?
Ils s’imposent partout : +160% en France en 2020 quand les thermiques reculent d’un tiers, 15% des ventes totales attendues en 2021, idem en Europe, en Chine, aux USA. Le prix des batteries ne cesse de baisser, leurs performances et leur durée de vie d’augmenter. Près de cent nouveaux modèles attendus en 2021, toutes les marques s’y sont mises et les Chinoises débarquent en Europe, sans doute pas pour y faire de la figuration…

POURQUOI UN TEL SUCCÈS ?
À 100.000 euros, une Tesla Model S abat le 0 à 100 km/h en moins de trois secondes (2,1s pour sa version Plaid) dans un salon de cuir cinq places high-tech et insonorisé. Pour la même chose en thermique, il faut une Bugatti Veyron Super Sport à deux millions d’euros et des boules Quiès. Quand la Tesla consomme deux euros aux 100 km, l’assurance, l’entretien et la conso de la Bugatti coûtent un peu plus.

Cette comparaison haut de gamme est transposable aux autres segments et, si cela ne suffisait pas, les VE tombent peu en panne. Pas besoin d’entretenir ni de remplacer turbo, vanne EGR, injecteurs, soupapes et mille litres de pétrole chaque année qu’il faut extraire, transporter, raffiner, distribuer en détruisant tout sur son trajet.

Côté expérience à bord, comme dit la pub, un VE se met à jour régulièrement, propose des applis ou des films pendant qu’il surveille la route à votre place, lance le chauffage ou la clim quand il sait que vous allez arriver, vous envoie un SMS pour dire où il est garé, se paramètre de A à Y depuis son tableau de bord tactile ou un téléphone. Accessoirement, il vous transporte, vite ou pas, sans le bruit et l’odeur. Un VE est un smartphone perpétuellement de dernière génération, quand un véhicule thermique est un télégraphe Bell. Ou Marconi, si l’on est fan de marques italiennes.

CÔTÉ CAMIONS ?
Père spirituel d’Homo Conso, Amazon a décidé d’électrifier sa flotte. Vu ses moyens, ça ne traînera pas. Ça tombe bien, les modèles d’utilitaires se multiplient comme des petits pains et Tesla, encore lui, prépare la production de son semi-remorque. Devant la réussite de ses voitures, les camions sont sa future poule aux électrons d’or. Le mastodonte chinois BYD est sur le créneau depuis longtemps, il arrive en Europe tandis que les constructeurs historiques Mercedes, Renault, Daf, Volvo et Scania commercialisent déjà des modèles électriques.

Quand les 38/44 tonnes électriques à 1000 km d’autonomie équipés de batteries garanties à vie remplaceront les diesel, quand ils rouleront en convoi automatique (platooning) avec un seul chauffeur éveillé en tête pendant que les autres se reposeront derrière, augmentant leur temps de conduite et abaissant encore leurs coûts, quand ils traduiront en temps réel les indications sur la route au cas où le chauffeur ne parle pas la langue du pays traversé, quand ils seront autorisés à entrer au cœur des villes interdites aux thermiques sans besoin d’aménagements particuliers ni d’investissements publics, quels arguments restera-t-il aux autres modes de transport pour s’opposer au tout-camion ?

ET DEMAIN ?
À batteries aujourd’hui, à hydrogène demain, la mobilité électrique décolle partout, comme les énergies renouvelables désormais plus rentables – sans subventions – que les fossiles. Les géants pétroliers ne s’y trompent pas et investissent en masse dans des réseaux de recharge : BP, Total et Shell déjà, Exxon bientôt. Le monde commence doucement à changer, enfin.

Mais Homo Conso ne veut pas le savoir. Bozo le clown des réseaux lui dit que si on ne peut pas faire 800 km d’un coup la seule fois de l’année où l’on en a besoin, c’est nul. Que le cobalt, c’est mal. Que le recyclage des batteries, c’est pas bien. Homo Conso n’en sait rien et vérifie encore moins, mais il partage, clic… clic… Ce qui le tenterait pour passer à l’électrique ? Ressembler à Elon Musk, PDG de Tesla, devenu l’homme le plus riche du monde en quelques mois.

Face aux VE, les véhicules thermiques sont aux mobilités modernes ce que le débardeur jacquard est à la mode : il faut beaucoup d’imagination pour trouver encore ça S3XY.

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